Edito : Des petits pas essentiels pour rompre avec l’ancien monde

Les récentes crises climatique, sanitaire et, économique qui s’imbriquent et s’enchevêtrent dans un entrelac complexe d’interrogations sociétales nous révèlent brutalement une immense vulnérabilité de nos modes de fonctionnement, de nos comportements et nos institutions qu’elles soient politiques, économiques, sociales et culturelles. Régis par des dogmes qui nous paraissaient inébranlables, nous assistons à un monde qui se disloque avec l’inquiétante conviction que nos élites s’agitent vainement comme de piètres ravaudeurs incapables de trancher et de jeter les bases d’une nouvelle vision de notre développement.

Ces crises se sont accélérées ces deux dernières décennies et mettent en évidence une impréparation à affronter les exigences d’un monde désormais fini qui appelle de nouveaux modèles de solidarités et du « vivre-ensemble » plus résilients, porteurs de sens et susceptibles à la fois de générer les institutions qui seront capables d’assumer ces responsabilités et d’engager de nouveaux modes de production. La tâche est titanesque. Elle interpelle la planète entière avec toutes ses dissemblances, ses disparités et ses contradictions. Elle s’inscrit dans le long terme et nécessitera une foule d’ajustements qui ne se feront ni sans douleurs, ni sans casse.

Pourtant l’irrémédiable exigence de changements nous contraint à agir dès aujourd’hui, où que nous soyons, en nous servant de tous les outils disponibles. Si cette obligation s’impose d’abord dans les pays les plus privilégiés, notamment ceux dans lesquels les citoyens disposent des moyens de peser sur le cours du développement, elle doit, en première instance, démarrer au niveau local où les changements s’opèrent plus facilement.

Pour que ces petits pas s’inscrivent dans une vision plus large et participent aux ruptures avec l’ancien monde, ils doivent répondre à une double nécessité, celle de nous reconnecter aux vivants et à la nature et de prendre le temps d’entrer en résonnance avec le monde qui nous entoure, avec ce qui nous façonne et nous environne.

Au niveau d’une commune, d’un quartier en périphérie de la ville, cette révolution se traduit par la volonté de reconnecter une société hors-sol, ultra technicisée et parfois virtuelle avec nos réalités quotidiennes, nos aspirations à une vraie qualité de vie, avec une convivialité renouvelée avec des liens régénérés avec le monde-paysan, avec la qualité de l’air, de l’eau, la préservation de nos arbres, et la défense de notre patrimoine.

Cette prise de conscience pour une autre modernité est déjà en route et les récents référendums lancés contre des projets effrénés de densifications, contre des constructions démesurées, contre une urbanisation déshumanisée, contre des décisions non-concertées avec les habitants directement concernés, en attestent. L’Association des Habitants du Petit-Saconnex-Genève (AHPTSG) entend accompagner ce processus en 2021 dans le respect du débat démocratique en tenant compte des attentes de tous les acteurs de la société avec la conviction que la société civile a un rôle essentiel à assumer pour contribuer aux changements nécessaires. 

C’est dans ce sens, attentive aux aspirations des habitants, que l’AHPTSG engage son action autour de sept pôles d’activités avec des volets sociaux, culturels, économiques, sanitaires et écologiques précis. C’est dans cet esprit, pour autant que la crise sanitaire le permette, que l’AHPTSG veut poursuivre :

  • sa réflexion sur la finalité de notre développement à partir des grands mythes fondateurs de la démocratie athénienne,
  • son dialogue intergénérationnel avec notamment le concours de la Maison de retraite du Petit-Saconnex ainsi qu’un dialogue interculturel en consolidant les liens avec des habitants de d’origine et de confessions très variées,
  • son action pour engager les acteurs économiques et institutionnels du Petit-Saconnex à pleinement participer au développement du quartier,
  • sa lutte pour réduire les nuisances dues aux trafics (nuisances sonores et réduction des émissions de Co2) et la pollution (campagne de ramassage de déchets),
  • sa campagne de prévention de maladies transmissibles et non-transmissibles,
  • ses actions pour préserver notre patrimoine végétal et culturel et enrichir notre environnement en assurant une meilleure qualité de vie,
  • ses manifestations pour promouvoir la découverte de l’autre,
  • son engagement pour contribuer à une plus grande convivialité avec  notamment l’organisation de rencontres festives sur la place du Petit-Saconnex et dans divers parcs du quartier,
  • ses rencontres culturelles avec l’organisation de nouveaux débats et des concerts et le développement de son festival estival de cinéma,
  • ses efforts pour reverdir certains espaces du quartier, en veillant à développer des circuits alimentaires courts et des relations privilégiées avec les paysans et agriculteurs soucieux de notre de notre environnement (avec la mise en place d’un marché hebdomadaire sur la place du Petit-Saconnex),
  • sa politique d’opposition aux tentatives de densification effrénée de certains promoteurs et des pouvoirs publics en particulier lorsque ses projets peuvent aboutir à une ghettoïsation de certains quartier ou à la suppression d’espaces de verdure et de sociabilité,
  • son dialogue avec les pouvoirs publics et les autres instances institutionnelles impliquées dans le développement du quartier.

Animée de cette même détermination, l’AHPTSG entend également se battre, pour que la première « Maison sociale culturelle et écologique » voie enfin le jour à Genève dans l’espace de Budé conformément à une pétition transmise au Conseil administratif et une motion endossée à l’unanimité par le Conseil municipal de la Ville de Genève.

C’est ainsi, en étroite collaboration avec les autres organisations associatives, notamment la Villa Dutoit, que l’AHPTSG entend apporter sa modeste contribution, avec tous les autres acteurs de la société civile, à la construction du monde de demain.

Dans cette démarche, nous avons évidemment besoin de votre soutien.

Le comité de l’AHPTSG

◊◊◊