Référendum sur la cité de la Musique

Images de synthèse de la future Cité de la musique. Un projet des bureaux de Pierre-Alain Dupraz à Genève et de Gonçalo Byrne de Lisbonne.

Le peuple votera sur la Cité de la musique

Malgré une récolte rendue très difficile par le deuxième confinement, le comité référendaire se félicite d’avoir réuni plus de 4600 signatures.

Théo Allegrezza

Publié: 22.12.2020, 15h56

Il fallait 3200 signatures, ils en auront récolté 4656, précisément. Les opposants au projet de Cité de la musique ont déposé lundi auprès du Service des votations et élections – qui devra encore les valider – les paraphes en vue de la tenue d’un référendum, sans doute l’an prochain. «C’était un véritable marathon», souffle Leïla El-Wakil, la secrétaire de SOS Patrimoine Contre l’Enlaidissement de Genève.

Un soulagement compréhensible. La période de récolte (40 jours pour trouver 3200 signatures) a coïncidé avec le deuxième semi-confinement, décrété à la fin du mois d’octobre par les autorités genevoises. Moins de gens dans les rues, méfiance à l’idée même de tenir un stylo, les référendaires ont dû redoubler d’efforts. «Certains d’entre nous sont tombés malades ou ont dû se mettre en quarantaine», raconte Leïla El-Wakil. Au vu des circonstances exceptionnelles, le Conseil d’État avait finalement décidé de rallonger cette période de 40 jours. «Mais on était pratiquement au but», assure l’historienne de l’art.

Convergences des luttes

Le Conseil municipal de la Ville de Genève avait accepté, début octobre, le plan localisé de quartier (PLQ) qui doit permettre à la Cité de la musique de sortir de terre au-dessus de la place des Nations à l’horizon 2024. Mais l’arme du référendum a aussitôt été saisie par une coalition hétéroclite. On y retrouve Ensemble à Gauche, le Parti du travail, mais aussi les Verts et l’UDC, ainsi que des associations de défense du patrimoine et des artistes indépendants.

Certains y voient un projet «démesuré», qui ne bénéficierait qu’à la musique classique. Financé par des fonds privés, le nouvel édifice comportera notamment une salle philharmonique de 1600 places et permettra de regrouper l’Orchestre de la Suisse romande (OSR) et la Haute École de musique. D’autres s’opposent parce que la construction nécessitera d’abattre 130 arbres – même si 260 seront replantés et qu’un nouveau parc verra le jour – et de détruire une maison de maître datant du XIXe siècle, la Villa des Feuillantines.

«C’est un enjeu important. À travers la Cité de la musique, c’est de nombreux combats qui se rejoignent: la préservation du patrimoine architectural, de la nature et d’espaces libres pour nos descendants, énumère Leïla El-Wakil. On est en train de tout cadenasser.» Avec Clé-de-Rive, le 7 mars, c’est donc un autre objet de votation d’importance qui attend les électeurs de la ville de Genève en 2021.